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Libération
Éditorial

Clinton de droite

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publié le 1er août 2000 à 3h07

Au nom du père, du fils et du credo conservateur banni de la Maison Blanche depuis huit ans: les militants du Parti républicain vont adouber en grande pompe leur nouveau champion, George W. Bush. Ils escomptent bien le voir triompher, novembre venu, du dragon démocrate et ramener dans le bon chemin (celui de droite) une Amérique qui a trop oublié, à leur goût, qu'elle doit avoir «Dieu à ses côtés», et le monde à ses pieds. Peu d'Américains s'émeuvent que Philadelphie, ville phare de la révolution de 1776, soit aujourd'hui le théâtre d'un rituel dynastique, George II (alias «W.») briguant le fauteuil présidentiel qu'a occupé son père, George Ier, avant d'en être détrôné par Clinton en 1992. Pas plus qu'ils ne s'indignent que «W.» parte à l'assaut du pouvoir armé d'un trésor de guerre sans précédent par le Big Business, actionnaire d'une «Bush Incorporated» dont il attend de nombreuses faveurs en retour. Le candidat fils à papa est parvenu jusqu'ici à parer les attaques de son adversaire, le vice-président Al Gore, en projetant l'image d'un type ordinaire, vivante incarnation de son slogan ­ ce «conservatisme du coeur», plutôt modéré, souriant et ouvert (symboliquement au moins) aux réalités d'une Amérique moderne, multiethnique et pluriculturelle. Il a fait taire les enragés de l'ultradroite et mis en sourdine leur croisade contre l'avortement et les droits homosexuels. Sans rien renier de ces chevaux de bataille conservateurs, pas plus que de son soutien à la peine de mort,