Marie-Noëlle Lienemann, maire d'Athis-Mons (Essonne), est membre de la gauche socialiste qui a lancé une pétition au sein du PS «contre la mise en place de l'épargne salariale».
Pourquoi dénoncez-vous ce projet de loi?
L'épargne salariale n'est pas nécessaire et elle peut être dangereuse. D'une manière déguisée, elle sert de substitut aux fonds de pension. D'ailleurs Laurent Fabius, lors du séminaire qui avait réuni le gouvernement et la direction du PS à la fin du mois d'avril, avait évoqué le financement des retraites. C'est bien la preuve que, dans son esprit, les deux questions sont liées. Or, la grande urgence sociale, politique, et économique dans ce pays, ce n'est pas l'épargne, c'est la relance salariale! Toutes les études démontrent que les salaires ont stagné dans les secteurs où existe la participation. L'épargne salariale sert de prétexte à la modération salariale. Elle accentue la logique qui consiste à valoriser le capital avant le travail. Et l'on sait que ses bénéfices se répartissent sur le mode du pâté d'alouette: une alouette pour les salariés, un cheval pour le reste des actionnaires. Certaines branches se plaignent de ne pas trouver de main-d'oeuvre, mais sans revalorisation des salaires, cette pénurie persistera. Cette modération salariale risque de cautionner la relance du débat sur la nécessité de recourir à une nouvelle immigration. Je n'ai rien contre l'arrivée d'immigrés, mais je ne veux pas qu'ils permettent de justifier une stagnation des salaires