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Analyse

Jospin menacé par un réveil des revendications

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Les salariés veulent profiter des fruits de la croissance tout de suite.
publié le 2 août 2000 à 3h08

Jamais, sans doute, le contraste n'avait été si criant. D'un côté, des patrons qui se congratulent à l'annonce de chaque fusion-acquisition, une économie mondiale en pleine croissance, un Produit intérieur brut qui décolle tandis que l'inflation stagne, la perspective réaliste d'un taux de chômage à 9 % pour la fin de l'année. De l'autre, des salariés du privé qui menacent de casser leur outil de travail et qui même passent à l'acte en empoisonnant une rivière, une crise ouverte du paritarisme à la française, des signes ici ou là de la misère qui continue de gangrener le corps social et qui participent d'une véritable tension. Le nouvel ordre d'un côté, le désordre de l'autre.

Exercice périlleux. L'été 2000 aura sans doute porté à son plus haut point la dualité de la société si souvent et depuis si longtemps constatée. Deux réalités qui choquent et qui s'entrechoquent en un paradoxe qui a toutes les chances de devenir le principal danger pour le gouvernement: chaque bonne nouvelle économique porte désormais en elle-même son poids de frustrations et de désillusions; les appétits revendicatifs s'aiguisent et les pressions sur le gouvernement ­ qui arbitre ­ se font chaque jour plus pressantes. «Est-on vraiment trop payé avec 6 300 francs par mois?», crient les smicards de l'usine Bertrand Faure menacés par ailleurs de la fermeture de leur établissement. «A quand une négociation salariale?», demandent les syndicats de Renault depuis l'annonce la semaine dernière d'un chiffre d'a