La réforme du système de retraite français est un parfait exemple de dossier épineux, qui pique les téméraires qui croient bon de s'en emparer et que les gouvernements successifs depuis vingt ans se sont brillamment employés à refiler en douce à leurs successeurs. Comme on s'avance imperturbablement vers la date fatidique (vers 2020) où le poids démographique menacera l'équilibre du système actuel, il devient de plus en plus difficile de se défiler. Après trois ans passés à esquiver ce thème très peu consensuel, Jospin a choisi, pour l'évoquer en Conseil des ministres, la veille des vacances, ce qui semble indiquer une volonté de dédramatisation. De fait, le projet qu'a présenté Fabius n'est guère destiné à troubler la sieste des citoyens.
Simple aménagement du système actuel qu'il complète plus qu'il ne le change, ce texte se veut rigoureusement juste milieu. Il n'y aura pas de «fonds de pension», dont la droite a fait un de ses drapeaux favoris, mais plutôt une détaxe limitée de l'épargne salariale, que la gauche dénonce déjà comme un inutile et dangereux «cadeau» au patronat. Pourtant, le volume des capitaux drainés par cette formule d'épargne à long terme restera trop marginal pour mettre en péril le système de retraite «par répartition» qui se trouve confirmé comme base inéluctable du système de retraite. En contrepartie, ce projet transforme les salariés qui le souhaitent en microscopiques capitalistes à temps très partiel. Ce mélange des genres est à la mode, comme l'a