Pour les Français, OGM rime avec haut-le-coeur. L'argumentaire éradicateur défendu par des militants écologistes et des agriculteurs «bovistes» a trouvé dans le public un large écho. Le moratoire, qui exclut les cultures d'OGM sauf pour les quelques variétés déjà accréditées, est donc des plus populaires. Cette intransigeance se heurte aux responsables de Bruxelles favorables à un développement des cultures modifiées. Or, loin d'être extrémiste sur ce chapitre, la Commission défend sur les OGM une politique qui l'oppose aux Etats-Unis. Ceux-ci menacent de riposter par des sanctions à l'obligation d'étiquetage forçant les industriels de l'agroalimentaire à signaler la présence d'OGM. L'effet rebutant que cela aurait sur les consommateurs est assimilé par les Américains à une entrave à la liberté du commerce. La quasi-totalité des produits alimentaires américains incorporent des ingrédients génétiquement modifiés.
Mais exiger un étiquetage explicite des OGM au nom de la liberté de choix des consommateurs, cela revient à admettre leur existence. Et c'est ce dont ne veulent pas entendre parler les consommateurs qui disposent d'une force de dissuasion redoutable: industriels et distributeurs européens sont nombreux à avoir renoncé aux OGM au nom de leurs intérêts commerciaux. Dans les faits, la position de Bruxelles est donc moins favorable aux OGM qu'elle peut le paraître. Elle n'en reste pas moins très éloignée de l'état d'esprit de l'opinion française.
Il existe donc deux confli