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Libération
Éditorial

La nouvelle richesse

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publié le 4 août 2000 à 3h11

Bienheureux les nouveaux riches! Non seulement ils nagent dans des flots d'or mais en plus ils sont à la mode. Ils sont délivrés du morose masochisme sous lequel la bourgeoisie installée trouve bon de masquer ses rondeurs et ils savent s'épargner aussi les ridicules de parvenus ostensibles. Voltaire ressuscité ne pourrait que réécrire le Mondain: luxe, volupté et bienfait public, c'est déjà le trio gagnant de la société postmoderne.

Le vieil et féroce adage chinois ­ «quand les gros maigrissent, les maigres meurent» ­ peut se conjuguer aussi à l'envers: quand la courbe du chômage s'infléchit à la baisse, les concessionnaires de Mercedes se frottent les mains. C'est ce qui nous arrive aujourd'hui. L'étau se desserre un peu sur les laissés- pour-compte de l'économie et l'industrie du luxe tourne à plein régime, ce qui n'est pas indifférent à l'augmentation des emplois créés. Cette contradiction n'est pas neuve (depuis longtemps, l'Humanité vilipende les riches et applaudit, à la page suivante, une haute couture réservée aux très riches) mais elle s'affiche plus que jamais à découvert.

Si quelque chose a changé en France, c'est qu'avec l'apparition de fortunes non pas héritées mais tirées de l'exploitation avisée d'un talent professionnel, la richesse prend un aspect méritocratique qu'elle a toujours eu outre-Atlantique mais que la culture française, intrication perverse d'arguments républicains et de réalités conservatrices, rejetait de sa grille des valeurs.

La richesse est une