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Libération

Dix ans après, un pays toujours en transition

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L'ombre de la dictature pèse sur une fragile démocratie.
publié le 9 août 2000 à 3h17

Depuis dix ans, le mot «transition» est dans la bouche de tous les acteurs politiques du Chili. Ce terme désigne le processus de transformation opéré à partir de 1989, lorsque le gouvernement militaire a remis le pouvoir aux autorités démocratiquement élues. La Concertation, coalition de centre-gauche, s'était fixée comme objectif de fermer le plus rapidement possible la parenthèse de la dictature. Premier président de cette nouvelle ère, le démocrate-chrétien Patricio Aylwin a dû affronter une difficulté majeure dès le début de son mandat: la continuité à la tête de l'armée de terre du général Augusto Pinochet, principal protagoniste du coup d'Etat réalisé dix-sept ans auparavant. Les forces armées avaient certes accepté de quitter le pouvoir après avoir perdu le plébiscite organisé en 1988. Mais elles avaient pris garde de se doter auparavant des outils nécessaires pour réussir à préserver l'héritage du gouvernement militaire, et empêcher ainsi toute transformation radicale après le retour de la démocratie.

Une des caractéristiques principales de ce processus de transition est en effet qu'il repose sur une série d'accords conclus entre les vainqueurs et les perdants du plébiscite. «Il faut prendre en compte la peur qui régnait alors dans le pays», explique le journaliste espagnol et professeur d'université Rafael Otano, auteur de l'ouvrage Chronique de la transition. «Les militaires avaient terminé leur régime avec une grande réussite, autant sur le plan économique qu'insti