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Libération
Éditorial

Refus d'impunité

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publié le 9 août 2000 à 3h17

La levée de l'immunité dont jouissait dans son pays le général Pinochet est une excellente nouvelle. Non seulement cela montre que l'ex-dictateur chilien n'est pas quitte de tout compte judiciaire pour avoir esquivé les procédures européennes qui l'ont un moment privé de sa liberté de mouvement. Mais surtout, il sera amené à répondre de ses actes passés devant une juridiction chilienne ­ la seule qui puisse parler au nom des victimes en toute authenticité.

Si les procédures engagées par le juge espagnol Garzon avaient abouti, on aurait assisté au spectacle quelque peu ambigu d'un dictateur jugé par un corps de magistrats issu d'une autre dictature, la franquiste, dont il s'est sereinement accommodé sans grave trouble de conscience et sans qu'aucune poursuite n'ait été engagée contre un seul membre du pouvoir déchu. Il est infiniment plus logique que Pinochet soit contraint de s'expliquer à la barre d'un des tribunaux du pays même où il a exercé ses redoutables activités. C'est d'ailleurs ce que soutenaient, dès avant que des élections leur donnent la majorité, nombre de Chiliens progressistes.

Le problème n'est pas tant de savoir de quelle peine ce vieillard pourrait être frappé que d'inscrire sa mise en accusation dans la mémoire institutionnelle d'une démocratie chilienne renaissante. La levée de l'immunité que Pinochet s'était autoaccordée marque un refus d'impunité qui dépasse la seule personne du général et vise l'ensemble de ses acolytes.

L'idée d'une juridiction pénale i