Pau envoyé spécial
Roxane a 8 ans. Elle ne parle pas et ne parlera jamais. Elle ne marche pas non plus. Soutenue à la jambe gauche par une attelle métallique, elle se tient debout en s'accrochant aux murs. «C'est une enfant qui se frappe la tête pour se sentir. Elle a des bleus sur le front. En société, c'est le plus dur. Elle adore l'eau, on l'amène sur la plage, et au bout d'une demi-heure elle se pique une crise et on est obligés de repartir», raconte Claire Naud, sa mère.
Cette jeune sérigraphiste de 30 ans a mis plus de sept ans à faire le rapprochement entre «les produits» qu'elle manipulait à son travail et le handicap lourd de sa petite fille. «Il a fallu qu'en 1999 je tombe sur un article sur les éthers de glycol dans l'imprimerie. Il parlait des 44 enfants malformés au Mexique.» De l'imprimerie à la sérigraphie, il n'y a qu'un pas. Claire commence à regarder de plus près les étiquettes des bidons d'encres et de solvants «à l'eau» qu'elle utilise dans son entreprise de 14 salariés qui produit des autocollants et des tee-shirts. «Je ne connaissais pas encore les mots éthyl glycol et acétate d'éthyl glycol. A l'usine, au début des années 90, il n'y avait aucune ventilation. Une dizaine de personnes respiraient les solvants en permanence dans ce petit hangar. Et il n'y avait aucune règle, hormis de mettre des gants à cause des dermatoses.» Claire, épaulée par la CGT, s'investit alors dans la recherche de ce qui lui est arrivé. Elle consulte un psy pour dépasser son senti