Georges-Marie Chenu, diplomate à la retraite, s'occupait du dossier Concorde lorsque les Américains refusaient de le laisser se poser à New York. Le 16 juin 1979, il est à bord d'un Concorde d'Air France quand, au décollage de Washington, deux pneus éclatent, et des morceaux de jante crèvent un réservoir plein. L'incident n'aura d'autres conséquences qu'un retour à la case départ et un retard de deux heures. Le 25 juillet, un scénario très similaire (avec une panne aggravante d'au moins un moteur) a tourné à la catastrophe pour le vol AF 4590. Vingt et un an plus tard, le diplomate se souvient.
«Le vol Concorde AF 053 arrivait de Mexico et, après une escale à Washington, repartait pour Paris. Tout de suite après le décollage, j'ai entendu comme deux détonations et j'ai eu l'impression que l'on avait touché quelque chose. Aussitôt, l'avion à opéré un virage très prononcé à droite. Hormis une hôtesse effrayée, l'équipage est resté très calme. On nous a demandé d'adopter la position de sécurité, avec la tête sur les genoux.
Mais, avant de nous reposer à Washington, nous avons tourné le temps de vidanger le carburant. J'ai eu l'impression que cela durait une éternité. Lorsque nous avons touché le sol, le choc a été rude au point d'ouvrir la porte de la cabine de pilotage. J'ai vu une immense tache blanche: c'était la neige carbonique dont on avait noyé la piste. Fugitivement, j'ai vu aussi les camions de pompiers qui se sont mis à rouler sur le côté. Plus tard, les témoins nous on