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Libération
Éditorial

Euthanasie

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publié le 16 août 2000 à 3h27

Bel oiseau blessé, Concorde ne prendra probablement plus jamais son envol, du moins en service commercial. En s'associant à la suspension d'exploitation décrétée par Gayssot, les responsables britanniques donnent du poids aux considérations techniques qui expliquaient la décision du ministre français. Parce qu'ils ont été moins directement touchés par la catastrophe de Gonesse et parce qu'ils ont montré combien le maintien en service de Concorde leur tenait à coeur, leur ralliement à l'interdiction de vol résonne comme une condamnation du supersonique. Brillante réalisation des années 60, l'avion franco-britannique s'est attiré une popularité sans commune mesure avec son utilité réelle. Il a fait partie de ces projets prestigieux que le régime gaulliste finançait pour flatter l'amour-propre national en montrant que la «grandeur» était compatible avec la modernité. C'était néanmoins se tromper de modernité en confondant technique et société. Ce qui était vraiment moderne, c'était les charters transatlantiques à deux mille balles l'aller-retour, une réalité hors de portée de Concorde. Du coup, très vite, le bon sens a repris ses droits, et cet avion foncièrement inadapté à la réalité de l'aéronautique commerciale a été logiquement euthanasié peu après sa mise en service. Cette carrière semi-avortée de moyen de transport n'a pas empêché Concorde d'être une remarquable réussite comme vecteur de fierté nationale. D'une certaine manière, ses bailleurs de fonds (les contribuables f