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Libération

La Libye rêve de l'Europe

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Kadhafi cherche à se rapprocher de l'UE.
publié le 19 août 2000 à 3h32

L'ex-paria de l'Afrique a-t-il marchandé son intervention à Jolo en échange d'un tapis rouge en Europe? Le Quai d'Orsay n'a pas pris la peine de commenter l'article du Canard enchaîné: selon l'hebdomadaire satirique, Muammar Kadhafi entend que la France, actuelle présidente de l'Union européenne, l'invite à la conférence euro-méditerranéenne du 16 novembre à Marseille. Ce ne serait qu'une étape de plus dans le réchauffement UE-Libye depuis le 5 avril 1999 et la suspension des sanctions de l'ONU contre Tripoli.

Mais l'hypothèse se heurte à deux obstacles. Primo, nul ne sait encore si le rendez-vous de Marseille sera ce sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qu'ambitionne Jacques Chirac. Si le processus de paix au Proche-Orient ne s'est pas désembourbé d'ici là, on s'en tiendra aux ministres des Affaires étrangères. Secundo, la Libye est loin d'être admise à part entière au sein du partenariat euro-méditerranéen mis sur pied en 1995 à Barcelone, pour promouvoir la paix et la stabilité sur le flanc sud de l'Europe. Malgré ses promesses verbales, Kadhafi n'a toujours pas couché par écrit qu'il accepte en bloc les conditions du «processus de Barcelone»: respect des droits de l'homme et de la démocratie, adhésion à l'économie de marché et siéger à côté d'Israël. Dix jours après la suspension des sanctions, en avril 1999, l'Allemagne avait convié la Libye en tant qu'«invité spécial de la présidence» de l'UE à la conférence euro-méditerranéenne de Stuttgart. Il s'y était dit que