Argent, armes et Jihad sont les trois piliers du groupe Abu Sayyaf. L'argent surtout. Le mouvement séparatiste islamiste, dont le nombre de combattants n'avait jamais dépassé 500 à 600, risque fort désormais de devenir un adversaire redoutable pour le gouvernement philippin. Abu Sayyaf, qui prône le Jihad (Guerre sainte) et l'indépendance du sud des Philippines, a déjà obtenu plusieurs millions de dollars en rançons pour la libération de leurs otages étrangers, et les militaires philippins s'inquiètent ouvertement du fait qu'il dispose désormais des moyens de s'équiper en armement lourd. Le chef d'état-major de l'armée philippine, Angelo Reyes, a affirmé début août que 245 millions de pesos (375 millions de francs) avaient déjà été versés aux rebelles. «Cela pose un gros problème», a alerté de son côté le secrétaire philippin à la Défense, Orlando Mercado.
La quête de fonds a toujours été, depuis ses origines, au coeur de la stratégie du groupe. Abu Sayyaf (Porteurs du glaive) a eu recours au financement du milliardaire saoudien Oussama Ben Laden, aux hold-up de banques et aux enlèvements contre rançon. La Libye, qui a financé et abrité les mouvements indépendantistes moros depuis les années 70, est également soupçonnée d'avoir contribué à l'essor militaire de cette mouvance, fondée en 1991 par Abdurajak Abubakar Janjalani.
Bourse d'études. Fils d'un pêcheur de l'île de Basilan, Janjalani a commencé sa carrière au début des années 80 en se faisant remarquer par un imam local q