Retour à l'envoyeur. Le «temps de la réflexion», décrété fin juillet par Lionel Jospin, s'achève à peine que Jean-Pierre Chevènement retrouve déjà la parole. Avant même de rencontrer le chef du gouvernement en fin de semaine, le ministre de l'Intérieur a fait monter la pression hier dans une interview à l'AFP. Rappelant qu'il l'avait informé, avant les vacances, qu'il refuserait de «défendre un projet de statut sur la Corse qui s'inscrit dans la perspective d'une dévolution, même partielle, du pouvoir législatif à la Corse», Chevènement prévient: trois semaines à Belle-Ile ne l'ont pas déridé. Les «faits survenus» cet été, de l'assassinat de Jean-Michel Rossi au retour des attentats, ont même «malheureusement» conforté son opposition au statut Jospin. Façon de renvoyer son supérieur à ses responsabilités.
Chantage. Evoquant les déclarations des élus nationalistes qui réclament l'amnistie de leurs militants condamnés ou poursuivis, le ministre de l'Intérieur dénonce «une minorité violente» qui «continue à vouloir imposer par la terreur et le chantage ses solutions à l'immense majorité de nos compatriotes corses». Un peu plus tard, à l'issue de la cérémonie commémorative du 56e anniversaire de la libération de Paris à la préfecture de police, Chevènement ajoutait: «La Corse, l'organisation territoriale de l'Etat, cela fait partie du champ de responsabilité du ministre de l'Intérieur.» Pas question donc, qu'un autre ministre que le locataire de la place Beauvau défende le projet