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Libération
Éditorial

Rempart

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publié le 23 août 2000 à 3h37

Restera, restera pas? Sempiternelle question, consubstantielle au personnage de Jean-Pierre Chevènement, bien au-delà de la caricature. S'il entend laisser une trace dans l'Histoire, l'élu de Belfort doit craindre ne la devoir qu'à cette caractéristique . Après deux, trois ans de présence dans un gouvernement, il finit toujours par s'emprisonner comme à plaisir dans cette alternative: claquer la porte ou non, telle est sa question.1983 avec Pierre Mauroy, 1991 avec Michel Rocard, 2000 avec Lionel Jospin, tout se répète, calibré, comme au théâtre de Guignol. Le drame pour le ministre de l'Intérieur, c'est que les deux fois précédentes, ni la face du monde, ni celle de la gauche, ni même celle des gouvernements dont il était membre, ne s'en sont trouvées changées. A chaque épisode, Chevènement a gagné en anachronisme et perdu en influence, augmenté sa singularité et amoindri sa crédibilité. Jamais deux sans trois? En logique, ce devrait être aujourd'hui le «pari» de Lionel Jospin qui s'est senti assez fort à la mi-juillet pour passer outre les critiques de son ronchon de service et proposer aux Corses un projet qui agrée davantage les nationalistes que son ministre de l'Intérieur. D'où le malaise. Mais ce «pari» de poursuivre sans Chevènement jusqu'en 2002 serait risqué. Car comment après avoir fait de lui l'un des «piliers» de son gouvernement, le représentant du pôle «républicain», Jospin s'en priverait-il sans admettre un changement de cap d'importance? Surtout que cette fo