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Libération
Portrait

Chevènement, le claqueur de portes de la République

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publié le 30 août 2000 à 3h50

Partir, revenir. La carrière de Jean-Pierre Chevènement est un perpétuel mouvement d’aller-et-retour du pouvoir à la marginalité, un incessant va-et-vient entre intransigeance idéologique et pragmatisme politique. En adoptant de nouveau, à 61 ans, la position du démissionnaire, il prend le risque d’une retraite qui pourrait, cette fois, s’avérer définitive. Jusque-là, à la SFIO, au PS puis au gouvernement, l’homme n’a cessé de claquer des portes au nom de ses convictions, avant de les rouvrir pour ne pas sombrer dans l’oubli. Intransigeant et réaliste: cette ambivalence a engendré une relation ambiguë au pouvoir et aux trois hommes qui ont successivement assumé le leadership du socialisme français: Guy Mollet, François Mitterrand et Lionel Jospin.

Le premier l'a parrainé avant qu'il ne s'émancipe, le second l'a déçu au point de le voir s'éloigner et le dernier l'a repêché quand il semblait fini. En juin 1997, Jospin sort Chevènement de l'ornière où l'avait mené son départ du PS, quatre ans plus tôt. En prenant le maquis à la tête de son groupusculaire MDC, «le Che», comme le surnomment ses proches, s'était perdu dans une épuisante guérilla antieuropéenne perdue d'avance, soldée par un cinglant 2,54% des voix aux élections de juin 1994. De glissades en dérives, il avait osé lancer des oeillades appuyées aux «Républicains de l'autre rive», les Séguin et autres Pasqua dont les incantations gaullistes séduisaient sa verve anti-Maastricht. Chevènement n'était plus que l'étendard d