Jean-Pierre Chevènement s'en va «fier» de son bilan. Fier et même persuadé que, sous son règne à Beauvau, l'essentiel a été accompli. D'ailleurs, il «compte sur chacun pour continuer à s'investir pleinement dans la réussite de ces grandes réformes». En d'autres termes: j'ai fait le boulot, mon successeur n'a plus qu'à engranger les dividendes. Une analyse en grande partie juste.
Loi Réséda. En juin 1997, Lionel Jospin installe son «ami» Jean-Pierre Chevènement à Beauvau avec pour mission de réconcilier la gauche avec la sécurité. Trois mois plus tard, lors du colloque de Villepinte, Chevènement érige la «lutte contre l'insécurité en priorité gouvernementale», juste après l'emploi. Un discours qui trouve un écho favorable chez les policiers. Mais désespère une partie de la gauche de la gauche.
Notamment lorsque Jean-Pierre Chevènement s'attelle au problème des sans-papiers. Après la gestion catastrophique de l'occupation de l'église Saint-Bernard par le gouvernement Juppé, l'équipe Jospin entreprend leur régularisation. Selon les chiffres de Beauvau, 80 000 individus ont ainsi bénéficié de papiers. Mais cette régularisation n'est que partielle et s'effectue en fonction de critères contestés par les associations de soutien aux sans-papiers. Et le ministre de l'Intérieur comme le Premier ministre refusent l'abrogation des lois Pasqua-Debré. Jean-Pierre Chevènement traite même ceux qui en sont partisans «d'irresponsables». Car, selon lui, «tout Etat a le droit de dire dans quelles