Daniel Sibony, psychanalyste, se penche sur la démissionnite aiguë de Chevènement.
Démissionner trois fois, c'est refuser les responsabilités?
Cette façon de se retirer quand ça devient brûlant traduit plutôt le souci de Chevènement de préserver une image qui ne doit pas être ébréchée. Elle correspond à sa vision idéale du pays, une icône républicaine sans doute assez fermée, confinée, à protéger des grands chocs, car à l'épreuve du réel il n'est pas sûr qu'elle soit viable. Cet épisode agite un fantasme de riposte à une politique qui consiste à gérer les situations plutôt qu'à appliquer des principes. L'appareil politique, il faut l'imaginer comme un grand échiquier où l'un des joueurs peut dire «Je passe», espérant revenir avec d'autres atouts. Clamer qu'il faut avoir des principes dans un monde sans principes est un fantasme plutôt séduisant... tant qu'il demeure à l'état de fantasme.
Sa concrétisation serait dangereuse?
Au pouvoir, ce fantasme de vérité friserait la paranoïa. Son application, c'est un système totalitaire! La vérité n'est jamais au pouvoir, c'est ainsi qu'elle préserve son pouvoir de vérité. La logique de Chevènement suppose que la loi structure la réalité. Or, même dans les sciences exactes, la physique ou la biologie, c'est la réalité qui dégage des lois. La loi se modèle sur une réalité pour la rendre vivable et vivante. Le fantasme de la loi vraie est sympathique car le peuple manque de vérité. Mais si l'exigence de l'authenticité aux marges du pouvoir es