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Libération
Éditorial

Tutti frutti

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publié le 31 août 2000 à 3h52

La gauche se serait-elle brusquement convertie aux dogmes libéraux de la fiscalité light et de l'Etat minimal ? Sans doute pas malgré l'ampleur des baisses envisagées. L'heure est plutôt au pragmatisme : il s'agit de profiter de l'embellie économique pour alléger les charges fiscales sans pour autant prétendre à une réforme du système d'imposition français. D'où l'accusation de saupoudrage déjà entonnée par la droite.

Pourtant, Fabius fait mieux que de se trouver au bon moment au bon endroit. Il a anticipé les événements actuels assez longtemps à l'avance (quand il réclamait des baisses d'impôts, voici un an, il prêchait pratiquement dans un désert socialiste) pour qu'on le crédite d'une conviction raisonnée en la matière. D'ailleurs, il est significatif que le texte par lequel il a annoncé ce train de baisses fiscales commence... par des remarques sur l'inflation et ses dangers. Une façon comme une autre d'indiquer que largesse ne rime pas avec laxisme.

La technique fiscale est toujours indissociable d'une démarche politique : dis-moi quel contribuable paye quoi et nous saurons quels électeurs te suivront. Par exemple, faut-il baisser le taux maximum de l'impôt sur le revenu ? Cela est moins une question économique (les sommes en jeu ne sont pas décisives) qu'un procédé d'affichage politique : soit on fait «moderne», en direction des classes moyennes supérieures, soit on mise sur la vieille culture de gauche, au prétexte de «faire payer les riches». Dans les deux cas on dessi