Un des effets de la révolution numérique est d'abattre les murs de l'institution scolaire, de lui ôter son monopole de l'accès aux connaissances et donc de déstabiliser la vénérable statue du «maître d'école», érigée en un temps où les écoles étaient l'unique lieu d'accès aux connaissances, comme l'usine était celui du travail. Rêvons à peine: l'écolier du XXIe siècle sera muni d'un cartable électronique, et son professeur travaillera depuis un bureau virtuel. Livres et cahiers auront été remplacés par des fichiers téléchargés selon les besoins du cours, et l'éducation continuera bien après la sonnerie de fin des cours. Et la classe sera certainement moins un lieu physique que tout un groupe d'élèves et d'enseignants travaillant en réseau interactif à l'exploration d'un univers de connaissances instantanément accessibles de partout. Problème: cette perspective déclenche aussitôt chez certains pédagogues des réflexes technophobes.
Sous prétexte de fustiger des illusions futuristes qui présentent la Toile comme une panacée, ou de rappeler (avec raison) que l'école d'aujourd'hui a d'autres déficiences, bien plus criantes, à combler, ces nostalgiques voient dans l'Internet et sa promesse d'accès universel à l'information, le nouveau visage du diable.
Les plus pessimistes d'entre eux prédisent même l'expulsion prochaine des enseignants du paradis pédagogique. Ils se trompent, car ces nouvelles technologies offrent des outils qui, à condition d'être bien utilisés donc bien enseignés