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Libération
Éditorial

Un classique

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publié le 5 septembre 2000 à 4h00

Même sans flambée des hydrocarbures, les relations sociales sont, en France, éminemment inflammables. Au bout du compte, l'aménagement de la société française ressemble beaucoup à celui des pays voisins. Mais le chemin qui y conduit est unique, fait de charivaris et de théâtre de rue. Et, au chapitre de l'action directe, les petits patrons (pêcheurs, agriculteurs, transporteurs) n'ont de leçon à recevoir de personne. Ceux qui s'emploient ces jours-ci à bouchonner la distribution de carburant automobile jouent un classique du répertoire.

La relative aisance fiscale que traverse le gouvernement suscite certes bien des convoitises. Rien ne laisse pour autant penser qu'en l'absence de tout plan Fabius, les choses se seraient passées autrement, tant l'habitude est prise de négocier seulement à chaud. Le résultat en est connu d'avance: un compromis tel qu'une concertation raisonnable aurait pu le dégager en s'épargnant les frissons du grand bazar et des cuves vides.

On sourit depuis longtemps du travers national qui veut qu'on passe la moitié de son temps à vilipender l'Etat, et l'autre moitié à l'appeler au secours. En l'occurrence, il n'est pas absurde que l'administration publique serve d'amortisseur aux coups du sort. On peut considérer la mécanique des marchés pétroliers et leur flambée comme une sorte nouvelle de «catastrophe naturelle», qui appelle le Trésor public à jouer une fois de plus son rôle de réassureur en dernier recours. La gêne pécuniaire que traversent les petits