Le vrai casse-tête pour une gestion rationnelle des problèmes environnementaux, c'est que l'opinion publique n'est pas soumise au principe de contradiction. Les mêmes ou presque qui se sont massivement sentis du côté des patrons-routiers et contre Jospin se retrouvent pour incriminer la pollution de l'air des villes pourtant due aux automobiles... Une perception parfois exagérée des menaces fait bon ménage avec un refus des moyens concrets d'y répondre. A l'inverse, le maximalisme des militants de l'écologisme, qui refusent aussi bien le nucléaire que le pétrole ou le charbon, contribue à marginaliser leur audience et même à susciter l'opposition et parfois l'hostilité d'une immense majorité parmi les opinions démocratiques.
Le «tu m'aimes moi non plus», que se rejouent régulièrement Voynet et Jospin (ou l'un l'autre de ses ministres), est en quelque sorte préprogrammé par cette schizophrénie structurelle qui veut la fin sans vouloir les moyens ou bien qui, radicalisant les moyens, rend la fin inaccessible.
Pour expliquer sa présence aux côtés de Voynet qui enrageait contre lui voici seulement quelques jours, Jospin a fait un distinguo entre des mesures conjoncturelles éventuellement laxistes et une politique à long terme vertueuse. C'est habile mais un peu court. Le principal problème en matière d'environnement, c'est justement l'hiatus entre deux durées peu compatibles, celle du très long terme exigée par une politique environnementale cohérente et la durée de vie d'un homme