Menu
Libération
Interview

«Le premier vrai débat paneuropéen»

Article réservé aux abonnés
publié le 13 septembre 2000 à 4h17

Le politologue Yves Mény, directeur de l'Institut universitaire européen de Florence et coauteur d'un récent ouvrage sur les populismes (1), analyse la levée des sanctions contre l'Autriche.

Pensez-vous que les Quatorze aient eu tort de se lancer dans cette aventure des sanctions?

On en paie aujourd'hui le caractère hâtif. Les sanctions ont engendré deux confusions. D'abord, la plupart des gens y ont vu une sanction de l'Union européenne, alors qu'il s'agissait d'une condamnation des membres de l'UE à titre individuel et donc bilatéral. Seconde source de confusion, les sanctions ont été prises comme si le gouvernement de Vienne menait une politique contraire aux principes de l'UE. Or la coalition, à peine constituée, a été condamnée avant d'avoir commis le moindre acte répréhensible.

Ce front anti-Haider n'était-il pas, tout de même, un progrès sur le chemin d'une Europe politique?

Sur le plan institutionnel, il n'y a eu aucun progrès! Mais cette affaire a eu deux avantages inattendus. D'abord, elle a suscité, pour la première fois, un débat politique véritablement paneuropéen sur une question grave. Les autres débats communs aux pays européens ­ le chômage ou la monnaie unique, par exemple ­ se posent encore dans des termes nationaux propres à chaque contexte. Or ce qui manque à l'Europe, c'est ce que Habermas appelle «l'espace public européen». La seconde retombée positive sera peut-être ­ mais nous ne le verrons qu'en décembre, au sommet de Nice ­ d'avoir fait avancer le doss