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Libération
Éditorial

Au-delà du réel

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publié le 16 septembre 2000 à 4h24

Que la télé fabrique au kilomètre des programmes appelés à être diffusés dans le monde entier, cela n'a rien d'extraordinaire. C'est peut-être même sa vocation principale, comme c'est la vocation de tout réseau de se propager le plus et le plus loin possible. Après les feuilletons américains et les novelas brésiliennes, après les matchs de foot et les Jeux olympiques, c'est au tour des jeux de symboliser ce phénomène d'acculturation galopant. Jeux d'argent ou jeux de rôle, standardisés d'un bout à l'autre de la planète avec quelques variations locales, et dont la caractéristique commune est une surenchère de «réel», qu'il s'agisse de gagner beaucoup d'argent, de sortir vainqueur d'un huis clos étouffant ou de rejouer «pour de vrai» les Robinson sur une île déserte. A côté, Intervilles, le Juste Prix ou même Fort Boyard semblent des niaiseries d'un autre âge. Cette «real TV» ludique n'est que la continuation d'un processus déjà bien entamé de «spectacularisation» à outrance du petit écran: confessions intimes sur mille plateaux, utilisation massive du direct pour des événements en cours (prise d'otages, détournement d'avion), prolifération d'images amateurs (courses-poursuites filmées par la police, accidents et catastrophes naturelles genre Plein les yeux). L'essor du caméscope des familles et de la webcam des voyeurs (ces sites internet qui permettent de s'installer sans effraction chez autrui), la mode du cinéma «Dogma» (façon Blair Witch Project) n'ont fait qu'accélérer l