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Libération

Jospin, le gouvernail et la boussole

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Le retour de la croissance a pris le chef du gouvernement à contre-pied.
publié le 18 septembre 2000 à 4h26

Les crises sont de précieuses épreuves de vérité pour les responsables politiques. Celle qu'endure actuellement Lionel Jospin est révélatrice des forces et faiblesses du Premier ministre. Son analyse ne doit pas être mécaniquement indexée sur les enquêtes d'opinion. Ce n'est pas parce que le chef du gouvernement est la proie d'un «trou d'air» de popularité qu'il a forcément fauté. Une interprétation purement conjoncturelle de ses difficultés serait également insuffisante. Jospin est assurément victime d'un tir croisé de mécontentements contradictoires. Il y a ceux qui lui reprochent de trop céder à la rue et ceux qui l'accusent de rester sourd à l'exaspération populaire. Sans avoir à chercher trop longtemps, chaque électeur de la majorité a désormais des raisons de critiquer sa politique. Les «républicains» attentifs à Jean-Pierre Chevènement n'ont pas digéré la Corse, les écologistes sont allergiques aux concessions accordées aux routiers, les communistes déplorent le prix élevé de l'essence et plus d'un socialiste s'indigne des cadeaux adressés aux tranches de revenus les plus élevées. Mais cette conjonction de phénomènes cristallise précisément une nouvelle perception, par l'opinion, du Premier ministre.

Talent tactique, flottement stratégique. Un contraste frappant oppose le talent tactique de Jospin à son flottement stratégique. L'ancien disciple de François Mitterrand vient de démontrer, une fois encore, son aptitude à la manoeuvre. Dans la délicate épreuve du blocus de