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Libération
Éditorial

Intenable

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publié le 22 septembre 2000 à 4h36

La question n'est plus tellement de savoir s'il est envisageable juridiquement que le président de la République soit traduit devant la justice, pour des actes délictueux commis dans une vie politique antérieure de maire de Paris et de Premier ministre, mais combien de temps il pourra tenir encore sans aller s'expliquer devant le juge concerné sur les graves accusations portées contre lui. Qu'il soit entendu comme témoin serait bien le moins, dès lors qu'il pourrait avoir été personnellement présent alors que se commettait un acte caractérisé de trafic d'influence, si l'on en croit l'aveu post mortem d'un ancien collecteur de fonds du RPR.

C'est sans doute parole contre parole: celle du porteur de valise (de billets) contre celle du président de la République. Mais n'est-ce pas le cas de figure où, précisément, il revient aux magistrats de soupeser la véracité des versions en présence? Que des poursuites puissent ensuite être engagées ou non contre le chef de l'Etat tant qu'il est en poste est une autre affaire, du fait de l'impunité pénale absolue accordée par une décision récente du Conseil constitutionnel et sur laquelle la Cour de cassation n'a pu malheureusement se prononcer.

Sauf s'il était établi que les aveux posthumes de l'ancien collecteur de fonds du RPR sont un faux grossier, on voit mal comment Jacques Chirac peut ainsi demeurer à l'Elysée en se réfugiant dans la dénégation hautaine. C'est intenable politiquement. Ou alors, il faut se résigner à vivre dans un pays