C'est un homme brisé, contraint de manger chez sa mère. A 50 ans, Bernard Guillou a 10 millions de francs de dette, dont 4 millions aux services fiscaux après vingt et un contrôles. Il fait partie de ces innombrables chefs d'entreprises un jour passés dans les bureaux de Jean-Claude Méry. L'autre bout de la chaîne décrite par Méry, celle qui a nourri les caisses du RPR en échange d'un ticket d'entrée sur certains marchés publics.
Hier, dans les couloirs du tribunal de Nanterre, où il s'assoit sur le banc des prévenus depuis deux semaines dans le cadre du procès Casetta, Bernard Guillou reste froid devant la publication de la confession de Méry. «Je m'en fous, on est marron, c'est tout.» Pour ce patron autrefois respecté du BTP, dont le Groupe Paris Bretagne pesait 200 millions de chiffre d'affaires et employait 350 personnes, ces accusations posthumes sonnent comme une somme d'«évidences». L'argent en liquide qui aurait été versé à Michel Roussin sous les yeux de Chirac? «Mais le Président est le premier commerçant de France, ensuite il y a le Premier ministre, etc. Tout se paie, même la politique, mais les hommes politiques n'ont jamais eu les tripes de le dire. Alors, l'argent vient et repart de zones noires. Moi, je vendais ma salade à Jean-Claude Méry, qui ensuite la revendait à d'autres», explique Bernard Guillou, d'une voix lasse.
«Liquide». Le nom de Méry lui a été glissé par Jean-François Donzet, le principal prévenu du procès de Nanterre. «Quand on a été recalé quaran