Ses amis l'appelaient «le gros». Et c'est vrai que Jean-Claude Méry avait les yeux plus gros que le ventre. Sans ses ennuis fiscaux et son appétit d'affaires, le scandale des fausses factures des HLM de Paris n'aurait jamais éclaté. Jean Tiberi, maire de Paris et président de l'Opac, n'aurait pas été mis en examen, l'ancien ministre de la Coopération Michel Roussin n'aurait pas démissionné en 1995 et l'actuel président de la République n'aurait pas eu tous ces tracas.
Les agents des impôts lui sont tombés dessus en janvier 1993. Méry en avait fait un peu trop. Petit promoteur malchanceux dans les années 70, interdit de gérer à plusieurs reprises, il avait refait surface en achetant, en 1990, les terrains d'une usine d'explosifs à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) pour 27 millions. Il voulait y faire réaliser un port de plaisance de 9 hectares. Construire 1 000 logements et une marina pour 500 bateaux. Son jouet devait s'appeler le port Pierre-Méry, du nom de son père. Coût du projet: 500 millions de francs. Méry «brillait» beaucoup trop, comme on dit. Usait hélicoptères et limousines noires. S'était acheté un superbe appartement avenue de Suffren, dans les beaux quartiers parisiens.
Tuile. Le flair des enquêteurs du fisc de Marseille, peut-être orientés par le locataire de Bercy d'alors, Michel Charasse, n'allait pas être démenti. Quand ils débarquent dans l'officine parisienne de Méry, au 47 du quai des Grands-Augustins, ils trouvent tous les ingrédients de l'affaire des HLM