Menu
Libération
Interview

«Slobodan, suicide-toi et sauve la Serbie»

Article réservé aux abonnés
publié le 27 septembre 2000 à 4h46

Un intellectuel belgradois raconte la nuit de lundi à mardi au centre de la capitale, quand des dizaines de milliers de sympathisants de l'opposition ont fêté une victoire qu'ils estimaient déjà certaine.

«Déjà, vers 20 heures, on avait du mal à s'approcher de la place de la République. Il y avait des gens de tous âges, mais les jeunes étaient les plus nombreux. On voyait beaucoup de parents avec leurs enfants et même quelques bébés dans les poussettes. Comparée à dimanche soir, l'atmosphère était beaucoup plus détendue. Sur la tribune, les représentants des partis qui forment la DOS (Opposition démocratique de Serbie) se succédaient et annonçaient les derniers résultats confirmant le raz-de-marée de l'opposition. Chaque annonce était bruyamment saluée. Tous criaient «Gotov je! gotov je!» («C'en est fait de lui.») et chantaient «Slobodan, suicide-toi et sauve la Serbie!» Puis les discours des leaders de l'opposition ont débuté. J'avais l'impression que les gens les écoutaient à peine. Ils n'avaient plus d'importance. C'était des choses dites et redites. Ce qui importait, c'était cette vibration collective, ce sentiment d'avoir tous ensemble accompli quelque chose d'encore impensable il y a quelques semaines.

On retrouvait l'atmosphère des manifestations de l'hiver 1996-97 (quand des centaines de milliers de personnes avaient défilé à Belgrade deux mois d'affilée pour protester contre la fraude aux élections municipales, ndlr), mais cette fois, avec plus d'espoir sur les visage