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Libération

Les fraudeurs ont la mémoire sélective.

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Le passé a bon dos: la triche a continué malgré les lois anticorruption.
publié le 28 septembre 2000 à 4h48

Avant 1995, ce n'était pas bien clair. La législation a beaucoup changé. Il fallait s'y adapter. Et puis rien ne régissait le financement politique avant... 1988, 1990, 1993. Chacun prend la date qui lui convient, selon la qualité de sa mémoire ou l'époque de ses ennuis judiciaires, pour demander qu'on en sorte. Comme à chaque étape de transe du monde politique autour de la question des affaires, le débat revient autour du financement des partis, de l'amnistie. Un débat d'une grande hypocrisie.

Marchés publics truqués. Un exemple simple. La loi de 1993 a réglementé les dons officiels de personnes morales. Elle les a limités. Elle n'a pas autorisé, bien au contraire, que se poursuive le trafic très répandu, du Nord au Sud en passant par Paris, des marchés publics. Et pourtant ces trafics de marchés publics se sont poursuivis et se poursuivent encore. En 1993, on limitait et on rendait publiques les contributions des entreprises. Comme par hasard, les grands groupes, qui ne vivent pour partie que de la commande publique ­ la CGE, la Lyonnaise, le BTP avec Bouygues, Grands Travaux de Marseille, etc. ­, se sont révélés généreux. Au-delà de ce financement apparent, ce sont des opérations de sélection des entreprises, d'entente, de surfacturations qui ont été détectées, ainsi que des versements occultes sur des comptes en Suisse.

«Ces faits sont anciens!» entend-on. Quand Claude-Annick Tissot, présidente de la commission d'appel d'offres de la région Ile-de-France, met les pieds dan