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Libération

Le pouvoir d'achat stagne-t-il?

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Chirac l'affirme, Jospin et Fabius le nient. La réalité est entre les deux.
publié le 29 septembre 2000 à 4h51

Les salariés sont-ils exclus du «partage des fruits de la croissance»? Pour Jacques Chirac, nul doute. Le 14 juillet, le chef de l'Etat dégoupillait sa grenade: «Nous sommes dans une période de croissance forte et le pouvoir d'achat [du salaire mensuel moyen] n'augmente pas, c'est sans précédent», assénait-il, jetant le discrédit sur la politique économique et sociale poursuivie. Lionel Jospin ne pouvait laisser dire. «Le pouvoir d'achat des salaires individuels ­ contrairement aux affirmations de l'un de nos opposants, le premier d'entre eux ­ est en progression de 1 % en moyenne par an au lieu de 0,3 % précédemment», a rétorqué le Premier ministre au cours des journées parlementaire du PS. A l'évidence, la trêve imposée par la cohabitation a fait long feu. Mais qui croire de l'Elysée ou de Matignon? En réalité, les deux têtes de l'exécutif sont dans le vrai.

Contre-performance. Selon une étude du ministère de l'Emploi, le salaire mensuel de base (hors primes et autres avantages) n'a augmenté que de 0,4 % au deuxième trimestre 2000, soit une hausse de 1,6 % en rythme annuel. Quand Jacques Chirac s'exprime, l'inflation en glissement (de date à date) frise les 1,6 %, du fait de la flambée des prix du pétrole. Du coup, en juillet, le Président peut sans mentir affirmer que le pouvoir d'achat du salaire moyen mensuel «n'augmente pas».

Pour relativiser ce propos, il suffit toutefois de prendre un peu de recul. Selon l'Insee, le pouvoir d'achat du salaire mensuel a progressé de 1,2