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Libération
Éditorial

Précipices

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publié le 29 septembre 2000 à 4h51

Vieille connaissance un peu perdue de vue, la revendication salariale qui fermente ici ou là cet automne constitue l'une des clés de l'avenir politique du pays. Bien d'autres obstacles socio-économiques se dressent et se dresseront sur le chemin de Jospin vers l'élection présidentielle. Aucun n'égale la nuisance potentielle que possède l'évolution des salaires. L'obstacle des manifestations de patrons routiers a pu être effacé à un prix relativement modeste pour le budget de l'Etat et infiniment moindre en tout état de cause que celui que risque de coûter l'apaisement des revendications de pouvoir d'achat. Il faut sans doute voir aussi dans la surprenante popularité des patrons routiers la manifestation d'une sensibilité plus générale au thème de la «vie chère».

Entre fonction publique et secteur public, l'Etat reste de très loin le premier employeur de France. Tout gouvernement, face à une montée des revendications salariales, mettrait en balance les moyens de désamorcer les tensions et les contraintes d'une bonne gestion. Mais, pour le gouvernement actuel, la contradiction est en quelque sorte redoublée: ceux qui revendiquent fournissent le gros de ses troupes électorales et ils passent à l'offensive juste au moment où la conjonction d'un pétrole cher et d'un euro faible durcit l'environnement économique. En plus, les 35 heures, vite passées au rayon des acquis, ont perdu leur effet euphorisant, alors que leur inconvénient en terme de blocage du pouvoir d'achat se fait plus