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Libération

Salaires: le premier wagon de revendications

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La reprise aiguise les appétits des employés.
publié le 29 septembre 2000 à 4h51

Gare Montparnasse, hier, 10 heures. Les quais sont quasiment vides. Les rares voyageurs prennent leur mal en patience. «Il y a peu d'énervement, parce que la grève a été annoncée à l'avance. Les gens ont pris des dispositions», assure un employé d'un bureau d'accueil SNCF. «Ceux qui sont là sont ceux qui ne peuvent pas faire autrement», râle un père de famille. Lui rate un mariage à Saint-Jean-de-Luz. Son voisin de banc, un enterrement. Bridie, Mairie et Mary, trois grand-mères irlandaises, sont, elles, en transit pour Lourdes. Elles n'ont pu partir hier, à cause du début de grève, et sont arrivées à 6 heures, ce matin. Leur train pour Bordeaux doit partir à 10 h 45. «Bad day («mauvaise journée»)», grommelle Marie. Bad day pour les usagers, mais journée réussie pour les syndicats.

A Montparnasse, la mayonnaise syndicale a pris: en fin de matinée, les syndicats annonçaient une mobilisation de plus de 50 % des employés. La première grève unitaire sur les salaires depuis plus de vingt ans a été un succès. Comme partout en France. Selon la direction de la SNCF, la mobilisation a flirté avec les 35 % sur l'ensemble du territoire, tous métiers compris (60 % pour les conducteurs). Les syndicats parlent eux d'un taux de 40 % en moyenne nationale, avec des régions particulièrement touchées: Marseille (plus de 60 % de grévistes), Limoges ou dans la région atlantique. Le trafic, conformément aux prévisions, a été considérablement perturbé, avec une moyenne d'un train sur trois ou quatre