Il perdra la liberté, sinon la vie, en perdant le pouvoir. Slobodan Milosevic est un homme acculé, inculpé depuis juin 1999 de «crimes de guerre et de crimes contre l'humanité» par le Tribunal international de La Haye pour les atrocités commises par ses troupes au Kosovo. L'ex-homme fort de Belgrade est à ce jour le seul chef d'Etat en exercice qui peut et doit être arrêté n'importe où dans le monde dès qu'il franchit les frontières de son pays. Cette situation sans précédent ne simplifie pas la transition démocratique à Belgrade. Les Serbes sont certes en train de résoudre le problème par eux-mêmes, investissant tour à tour les lieux d'un pouvoir qui se délite. Milosevic avait-il encore hier soir les moyens de proclamer et surtout de faire appliquer l'état d'urgence? En tout cas, il semble toujours aussi difficile qu'il trouve un refuge à l'étranger.
En route vers Moscou? Après le vote du 24 septembre il y avait eu un certain flottement dans le régime. La rumeur de Belgrade évoquait un possible départ du chef de l'Etat pour la Russie, où son frère Borislav Milosevic est ambassadeur. Mira Markovic, la toute-puissante femme du dictateur, a fait mercredi une brève «visite privée» dans la capitale russe. L'avant-veille, le président yougoslave avait rencontré Carlos Papoulias, président de la Commission étrangère du Parlement grec et grand ami de Belgrade, qui, selon l'IWPR (International War and Peace Report), lui aurait offert avec l'accord de Moscou un asile discret dans une