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Libération

«Pas un jour de plus avec ce vampire»

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publié le 6 octobre 2000 à 5h07

Kolubara envoyée spéciale

Comme il l'aimait, Slobodan Milosevic. «Tous les Serbes l'aimaient. Il était un vrai chef, capable de transformer nos vies en épopée. Tout nous semblait grand avec lui, il pouvait nous emmener où il voulait.» Depuis vingt ans, Zoran travaille dans les mines de charbon à ciel ouvert de Kolubara, les plus grandes des Balkans, les plus stratégiques de Serbie, puisqu'elles alimentent pour l'essentiel les centrales électriques de la République. Mercredi, à presque une semaine de grève «pour la vérité dans le comptage des voix», Gordana, sa femme, lui apporte du tabac. «Qu'est ce que tu fais là? Rentre à la maison tout de suite. Tu n'as pas à traîner dans le monde des combattants.» Les autres mineurs rigolent. Et Gordana s'en va. Quatre camions, affrétés par l'alliance des partis d'opposition, débarquent du pain, des biscuits, du café. Un volontaire de Belgrade rit: il y a encore un an, il n'aurait même pas imaginé s'approcher de cette zone sans se «faire sortir à coups de pied voire à coups de fusil».

Désamour. Zoran le mineur se souvient de la cérémonie, l'an dernier, lorsque les 7 000 ouvriers de Kolubara avaient été décorés en héros nationaux par Milosevic pour avoir rétabli l'électricité pendant les bombardements de l'Otan. «On aurait dû être très contents mais cela n'avait déjà plus le même goût. Je ne pourrais pas l'expliquer mais, nous et Milosevic, c'est comme un homme avec une femme: tout d'un coup, on ne l'aime plus.» Après le premier tour, le ré