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Libération
Éditorial

Gare aux égarements

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publié le 7 octobre 2000 à 5h08

Que faire de Milosevic? Le plus simple ­ mais non le plus souhaitable ­ serait qu'il se suicide, comme le lui demandaient ironiquement les manifestants et comme l'ont fait ses père et mère. Il serait de très loin préférable qu'il soit jugé, soit par le Tribunal international de La Haye (aux yeux duquel il reste un accusé en cavale), soit par ses compatriotes mêmes, bien que la mise en place d'instances judiciaires dignes de ce nom en Serbie ne soit pas une simple affaire. Car Milosevic laisse un Etat sans droit et un pays en guenilles quadrillé de mafias.

On a trop oublié que Milosevic et sa bande d'affidés étaient de purs produits du moule socialiste. Le tyran national-communiste était avant tout un apparatchik modèle et sa noire compagne une vibrante professeur de marxisme. L'émeute qui l'a déboulonné en a surtout fini avec la partie «communiste» du régime. Reste la part nationaliste qui suffit à elle seule à nourrir les plus funestes égarements. Or on sait que les nationalistes les plus extrémistes, et même les plus compromis dans les plus sombres tripotages, ont pris place parmi les émeutiers et posent aujourd'hui aux libérateurs... Mais, surtout, il faudra que le nationalisme, qui reste le réflexe le plus partagé de la majorité des Serbes, sache faire son deuil de sa volonté d'hégémonie, qu'il puisse se canaliser dans la tâche gigantesque et urgente de la reconstruction, et qu'il retrouve le chemin d'une coexistence pacifique avec les pays et peuples mitoyens. Rien de ce