Emu lors de son premier discours de victoire, jeudi soir, sur le balcon de mairie de Belgrade, d'où il saluait d'un ton gaullien sa «chère Serbie libérée», Vojislav Kostunica, 56 ans, est redevenu lui-même un peu plus tard en parlant à la «nouvelle RTS». Sur le plateau de l'ancienne télévision officielle, il expliquait sans emphase, d'un ton professoral, que la première de ses priorités était de créer un Etat de droit en insistant sur l'urgence à inventer une nouvelle Constitution.
Juriste de formation, précis et rigoureux, le nouveau président yougoslave n'est pas un orateur né. Cette réserve apparente et sa réputation d'honnêteté sont ses grands atouts dans une opinion lassée des excès du pouvoir personnel du couple Milosevic et de la corruption générale de la classe politique, opposition comprise. Vojislav Kostunica vit toujours dans le même appartement du centre de Belgrade avec sa femme, deux chats et un chien. Sa voiture est une vieille Yougo blanche cabossée. Cet homme tranquille qui se définit volontiers comme «patriote mais d'abord démocrate» est avant tout un légaliste. Le grand mouvement de désobéissance civile de masse «la révolte pacifique» qui a balayé Milosevic rappelle plus la «révolution de Velours» tchèque que la fin du régime Ceausescu. Pendant les treize années d'un régime plus autoritaire que vraiment dictatorial, une société civile a continué à exister et à résister. Elle s'est mobilisée autour de Vojislav Kostunica, candidat commun de 18 partis et m