Naplouse envoyé spécial
Sisyphe, aujourd'hui, est Palestinien. C'est un homme d'une quarantaine d'années, un peu bedonnant. Il manie une grosse masse en métal avec laquelle il s'emploie à pulvériser un bloc de béton armé qui servait à protéger l'entrée du tombeau de Joseph. La police palestinienne ne l'a pas laissé s'attaquer au sanctuaire. Alors, il calme sa rage en frappant et en frappant encore avec une ardeur de jeune bûcheron le béton israélien. Acte de colère inutile, parfaitement vain, mais on sent dans son ahanement qu'il évacue des années de haine rentrée. A l'intérieur du périmètre évacué par l'armée israélienne, des gamins palestiniens détruisent ce qui furent les casemates des soldats à coups de pierres, de bâton et d'outils divers. Eux, on les laisse faire. Là encore, il y a de la colère, de la rage, de la haine.
Chebab. C'est samedi, vers trois heures du matin, que l'armée israélienne a évacué, avec quelques camions, le tombeau de Joseph, que protégeait une dizaine de soldats. L'endroit, situé dans un faubourg de la ville palestinienne de Naplouse et encerclé d'immeubles, n'était pas défendable à moins d'un lourd tribut en pertes humaines. Lors des émeutes de 1996, Tsahal y avait perdu six hommes. Dernièrement, l'évacuation d'un blessé avait demandé des heures. «On a supprimé un point de contact. Mais ce retrait n'est que temporaire», assure-t-on à l'état-major israélien. La responsabilité des lieux a été confiée aux autorités palestiniennes.
Mais, vers 7 heures,