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Libération
Éditorial

Le souffle de l'abîme

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publié le 9 octobre 2000 à 5h09

Sept ans après, les chemins passablement tortueux des accords d'Oslo ont ramené le Proche-Orient au bord de l'abîme. L'échec des rencontres de Camp David, en juillet dernier, était lourd de la présente déflagration. Mais l'énorme charge explosive accumulée vient de bien plus loin. La percée d'Oslo a débouché sur un enlisement, faisant mentir pour les Palestiniens la promesse contenue dans le mot «paix». Quand Barak, élu sur un mot d'ordre pacifiste, a mis fin aux atermoiements israéliens ­ en évacuant le sud du Liban, en retournant à la table des négociations ­, il était peut-être déjà trop tard. De plus, ce n'a été que pour buter sur l'impasse de Jérusalem. En prêtant la main à la provocation de Sharon, savait-il qu'il faisait sauter la digue qui contenait l'avalanche des rancoeurs et des haines?

On regrette souvent la puissance et le cynisme des intérêts matériels qui mènent le monde en le malmenant. Pourtant, en cas de conflit, un compromis reste toujours possible, à force de pragmatisme et de concessions réciproques, pourvu que la volonté en existe. Les symboles sont autrement difficiles à partager ou à échanger, surtout un symbole aussi capital que Jérusalem. Pourtant, aucune paix durable ne sera possible sans un partage de cette ville qui fera de sa partie orientale la capitale d'un Etat palestinien. Une perspective plus lointaine que jamais.

L'extrême brutalité de la réplique israélienne et l'écrasante disproportion des forces ont été amplifiées par leur diffusion insta