Comme bien d'autres choses à propos du sida, le mot, sinon la chose elle-même, est venu d'outre-Atlantique. Là où le relaps français impose une connotation religieuse, relapse a en anglais le sens médical de rechute, ce qui tombe bien à propos d'une maladie aussi profane et meurtrière que le sida. Mais cette rechute-là est affaire de comportement, donc implique une participation volontaire de ceux qui en sont victimes.
La manière dont la communauté homosexuelle a su faire front contre la maladie dès le début des années 80 a fait figure d'exemple et même oeuvre pionnière pour les rapports entre patients et soignants et pour la prise en charge collective, militante et citoyenne, d'une prophylaxie dépouillée de ses attributs de Père Fouettard. Or, il faut désormais en parler en partie au passé et admettre que Thanatos est en train de prendre sa revanche sur Eros en se glissant dans les jeux mêmes de celui-ci. L'homme, on le sait, est un animal rationnel mais seulement jusqu'à un certain point.
Le rejet des préservatifs n'est pas le seul comportement à risque assumé dans la société contemporaine. De la mortalité routière aux cancers des fumeurs, c'est avec insouciance que sont assumées des conduites dangereuses pour soi mais aussi, ce qui est moralement beaucoup plus problématique, pour les autres. Mais dans le cas du sida, la probabilité d'une contamination est forte...
L'accroissement de l'espérance de vie des séropositifs grâce aux progrès médicaux éloigne la crainte d'une m