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Libération
Interview

«L'hédonisme est de retour»

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publié le 11 octobre 2000 à 5h14

Daniel Defert, sociologue, a fondé l'association Aides en 1984, qu'il a présidée ensuite jusqu'en 1991.

Vous n'aimez pas le mot «relapse»...

C'est un mot d'origine religieuse qui veut dire retombée. Comme si l'on retombait dans une hérésie. C'est un mot importé, surchargé du puritanisme américain, le type même de l'expression écran qui empêche de comprendre les comportements sexuels, et annule toute la complexité d'une relation. Qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce la manifestation de la nostalgie d'une orthodoxie passée? En tout cas, cela empêche de voir la difficulté actuelle à contrôler les enjeux et de comprendre des pratiques aux causes multifactorielles.

Cela étant, il se passe bien quelque chose.

Il n'existe pas de relation dans laquelle on puisse tout contrôler. Il y a toujours un risque. Et il faut partir de là. Dans les années 80-90, ce qui a changé dans le milieu gay, c'est tout un cadre. Ce n'est pas seulement l'usage du préservatif, c'est un ensemble de modifications avec une baisse du nombre de partenaires, avec moins de pénétrations et plus de vie en couple. D'autres pratiques ont été aussi explorées. Et puis, il y a eu la remise en cause brutale de la culture hédoniste des années 70. Or, je constate que cette culture revient, y compris chez les hétérosexuels avec la multiplication du nombre de lieux échangistes. Le retour de cette culture hédoniste provoque évidemment une hausse de la prise de risques. Mais ce n'est pas là, apparemment, qu'on retrouve le plus de