Quoi qu'il advienne sur les rives de la mer Rouge, il faudra beaucoup plus que le sommet de Charm el-Cheikh pour combler ne fût-ce qu'une partie du gouffre qui vient de se rouvrir entre Israéliens et Palestiniens. Car au fond de ce gouffre gît ce sans quoi aucun compromis basé sur la raison donc l'intérêt réciproque n'a de chance d'aboutir: un minimum de confiance. Ce minimum avait été le grand acquis du processus initié en 1993 à Oslo et c'est lui qui vient de voler en éclats, laissant la place aux vieilles peurs existentielles d'antan. Les deux parties du conflit sont atteintes par ce retour du passé, mais à des degrés divers. C'est ainsi que les Palestiniens, échaudés bien avant les derniers troubles par le peu d'empressement d'Israël à appliquer les accords de 1995, reparlent aujourd'hui de la volonté de les anéantir qu'ils prêtent à l'Etat hébreu. Les Israéliens, de leur côté, qui avaient fini par intégrer en majorité l'idée d'un Etat palestinien limité dans ses prérogatives comme dans son territoire, sont tétanisés par la combativité à laquelle ils se heurtent et y voient la preuve d'une haine inextinguible qu'ils devinent aussi dans plusieurs capitales du Proche-Orient. Au point de se demander aujourd'hui si le vrai but des Palestiniens en réclamant un Etat n'est pas d'obtenir demain la disparition d'Israël.
Sans doute faut-il faire la part de l'émotion dans cette double régression. Mais l'émotion n'est-elle pas toujours à fleur de peau dans cette région où règnent