Gaza envoyé spécial
La lourde volute de fumée noire s'élève comme une invite aux jeunes des alentours. Un signal, montant haut dans l'air sec du désert, qu'on distingue clairement depuis toutes les ruelles des camps de réfugiés et qui promet de la bagarre. Dans les dunes sablonneuses, face à un poste bien retranché de l'armée israélienne, des volées de gamins palestiniens ont allumé un brasero de vieux pneus avant de harceler les soldats à coups de cailloux. Deux ambulances, frappées d'un croissant rouge, stationnent légèrement à l'écart, portes ouvertes, brancards déployés.
Les militaires israéliens ripostent à pleine force de leur arsenal antiémeute, alternant les salves de balles en acier, enrobées dans une très fine couche de plastique, et les bordées de grenades lacrymogènes, mélange particulièrement irritant. Sans pour autant dissuader les chebab. Les yeux mouillés de larmes, la voix cassée par les gaz, ils montent en vagues désordonnées à l'assaut de la redoute, hurlant leur frustration de ne pouvoir atteindre cet ennemi trop protégé, trop équipé, trop puissant pour leurs pierres.
Frustration. Les discussions de Charm el-Cheikh entre Yasser Arafat et Ehud Barak n'ont guère calmé les esprits surchauffés. La rencontre égyptienne n'a fait qu'ajouter à la frustration des habitants de Gaza qui y déchiffrent une volonté américaine de blanchir l'Etat hébreu tenu pour unique responsable des violences de ces derniers jours. «Quel est le sens d'un cessez-le-feu quand les Israélien