Les chiennes de garde vont-elles crier au loup? Car, après tout, il y a matière. Voilà un Premier ministre pourtant au-dessus de tout soupçon médaillé de la parité, l'homme qui a fait des femmes l'égal des hommes en politique pris en délit flagrant de sexisme à l'envers. Le voici qui veut aujourd'hui sexualiser les ministères. «Une femme au ministère de la Justice, à partir du moment où ce symbole avait été créé, c'est un regard parfois plus humain, plus concret, plus précis sur les grands principes de la justice, mais aussi sur les problèmes de la justice au quotidien», a-t-il expliqué hier. Comment ce qui vaut pour la place Vendôme ne vaudrait-il pas pour d'autres portefeuilles? Dès lors, il faut sans tarder revoir la liste du gouvernement en fonction de ce discriminant. A n'en pas douter, le ministère de la Défense, par exemple, gagnerait s'il avait à sa tête un «regard plus humain». Sans parler de celui de l'Education, s'il avait une vision plus maternelle, ou de l'Economie, s'il avait davantage l'oeil de la ménagère. Et si l'on osait, on dirait que Matignon gagnerait aussi à être davantage dans le concret, et la présidence de la République plus dans le quotidien. C'est d'ailleurs ce que pensent nombre de Français, qui verraient bien une femme, Martine Aubry justement, à ces postes. Lionel Jospin va-t-il aller au bout de son raisonnement et en tirer les conséquences, donc laisser sa place? S'il y a lieu de taquiner le Premier ministre, ce n'est pas pour son souci de
Éditorial
Elles et lui.
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publié le 19 octobre 2000 à 5h33
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