Les aveux de Virenque ne changeront pas le cours du procès Festina. Quand bien même se serait-il obstiné à nier l'évidence, le tribunal n'aurait pas plus tenu compte de ses dénégations vertueuses qu'on ne le ferait pour un enfant les doigts enduits de confiture prétendant ne pas savoir ce qu'il y avait dans le pot rangé sur l'étagère. La loi ne punissant pas l'usage de produits dopants, toute la question sera maintenant d'établir dans quelle mesure il a «incité» ses équipiers à se doper. Ce qui, à vrai dire, semble un problème accessoire s'agissant d'un coureur dont la carrière était de toute façon terminée. L'arsenal juridique contre le dopage s'est considérablement et heureusement renforcé. Mais outre qu'il souffre d'un retard inquiétant sur les progrès de la délinquance médico-chimique, il reste enfermé dans une analogie un peu abusive avec l'usage des drogues en général.
Or, il y a quand même une différence entre le drogué et le dopé. Autant l'un peut faire figure de victime, autant l'autre agit d'abord par choix. On dira que les sponsors, les organisateurs, les médias sont les premiers «dealers». C'est vrai. Mais nul n'est obligé d'y céder, comme nous le montre l'exemple du courageux Christophe Bassons.
Car il y a bien un moment où il faut fixer la ligne rouge de l'éthique sportive. Celle qui marque la limite à ne pas franchir sous peine de commettre un acte de tromperie, sinon d'escroquerie vis-à-vis de ses adversaires et de tous les spectateurs qui ont payé, directement