Médecin, sociologue, chroniqueur à Libération, Patrick Laure est spécialiste des drogues de la performance au CHU de Nancy. Il est sceptique quant aux vertus du procès Festina sur la lutte antidopage.
Est-ce que ce procès et les aveux de Virenque ou de Leblanc peuvent faire sauter un verrou sur la question du dopage ?
Absolument non, certainement pas. Ces grosses affaires très médiatiques qui touchent le cyclisme font beaucoup de mal à la perception que l'on a du dopage. Une fois encore, on ne va pas dépasser l'association cyclisme professionnel égale dopage, qui est devenue un lieu commun. Tous les sondages faits depuis la fin des années 80 sur cette question il y en a eu quatre ou cinq montrent que ce sont les mêmes sports qui sont mis en accusation : le cyclisme, l'athlétisme, l'haltérophilie et la natation, et à un haut niveau. Ce procès va conforter l'idée générale, mais cela ne fera pas du tout avancer la réflexion sur l'utilisation de produits dopants par des gamins, alors que le vrai problème est là. Cette affaire Festina ne va pas réellement influer sur les mentalités.
En l'occurrence, la justice ne se substitue-t-elle pas à l'impuissance du milieu sportif ?
Pas vraiment. Nous sommes ici dans le cadre de la loi de 1989, qui prévoit des sanctions disciplinaires vis-à-vis du sportif, et deuxièmement des sanctions pénales pour le pourvoyeur, le fournisseur de produits dopants, et c'est cela qui relève de la justice. Ce n'est pas de la substitution, c'est de la compléme