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Libération

Le «balayeur» Gueï balayé par la rue ivoirienne.

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Hier soir, le palais présidentiel est tombé aux mains des manifestants. Le chef de la junte reste introuvable.
publié le 26 octobre 2000 à 5h47

Abidjan de notre correspondante

Le chef de la junte ivoirienne, le général Gueï, a perdu le pouvoir. Hier soir, des gendarmes et des militaires ralliés aux manifestants se sont emparés de la présidence. La radio et la télévision avaient été prises dans la journée par un déferlement de manifestants déterminés à faire reconnaître la victoire à la présidentielle de leur candidat, le socialiste Laurent Gbagbo. Le sort de Robert Gueï, lequel ne se trouvait pas dans le palais présidentiel lors de sa prise, restait toutefois inconnu hier soir. Récit de la journée.

Il est torse nu, porte un jean crasseux et un foulard noué à la mode des bandits ou des révolutionnaires. Il vient du même coin que «le président Gbagbo», dans l'ouest de la Côte-d'Ivoire. «Je suis préparé. Les balles m'ont raté hier, aujourd'hui je vais foutre Gueï dehors!» Hier matin, sur le grand boulevard qui relie Abobo, quartier populeux, aux villas cossues de Cocody, Zézé crie pour encourager les badauds qui hésitent encore à le suivre. Il n'est que 9 heures et le soleil tape déjà dur. De bon matin, des manifestants se sont massés dans les quartiers populaires. Zézé fait partie de l'avant-garde qui marche sur le siège de la télévision, à Cocody. Les barrages qui entourent ce centre névralgique ont été renforcés. Des petits groupes de militants du Front populaire ivoirien, le FPI de Laurent Gbagbo, dressent des barricades.

Foule bigarrée. Derrière, la houle approche, jeune, bigarrée, bruyante. Ils sont des milliers. I