Bien sûr, on s'en doutait depuis longtemps, même si la statue de de Gaulle a parfois brouillé nos certitudes: les généraux font toujours de bien piètres sauveurs. Trop souvent prompts à se dévouer pour leurs peuples, ils s'enivrent rapidement des volutes du pouvoir. La règle vaut aussi bien pour les retraités: ils veulent bien abandonner leurs pantoufles, mais rechignent ensuite à l'idée de les retrouver. Le général Gueï est de ceux-là. L'homme avait pourtant fait illusion un moment. Remplaçant par défaut d'un Konan Bédié qui menait tout droit son pays à la guerre civile, il a trompé son monde, à la fin de l'année dernière, en se présentant comme un pis-aller acceptable, voire comme un inespéré sage de transition. Mais, il faut le croire, la nature à horreur des militaires de bonne volonté. Et, au bout de quelques mois, l'ancien élève de Saint-Cyr s'est révélé sous l'aspect d'une ganache doublée d'un père Ubu. Entouré d'une garde prétorienne excellant dans tous les excès, le renégat n'a plus songé qu'à troquer l'uniforme pour le costume croisé du président-dictateur. D'où la mascarade électorale des derniers jours, qui l'a conduit directement à sa perte: voulant truquer ouvertement les élections, il a été renversé par des électeurs qui ont abandonné les isoloirs pour manifester dans les rues.
Personne ne pleurera sur l'apprenti sorcier déchu. On eût préféré, certes, qu'il s'inclinât face aux urnes. L'Etat de droit en aurait été conforté. Mais au moins la dictature a-t-elle ét