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Libération
Éditorial

Devoir de savoir.

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publié le 28 octobre 2000 à 5h54

La diffusion par la chaîne Histoire de soixante-dix heures des archives filmées du procès Barbie ne devrait pas ouvrir, théoriquement, le dossier des rapports antinomiques justice télévision. Les multiples précautions prises par la chaîne thématique cantonnent clairement cette diffusion dans le registre historique, donc dans celui de la mémoire. Force est de constater que ce document ne fait avancer en rien la recherche historique: le procès de Barbie a eu lieu en public, tous les médias en ont rendu compte en son temps et ses minutes sont accessibles à tous. Son intérêt et sa force résident dans le dévoilement de la face cachée du procès, notamment dans ces visages tourmentés de douleur des témoins défilant à la barre. Des visages que le public de l'époque ne pouvait pas voir, puisque les victimes de Barbie tournaient le dos à la salle d'audience en témoignant de l'horreur subie. C'est bien pourquoi on va beaucoup reparler dans les prochains jours d'un «devoir de mémoire» par trop galvaudé. Plus de cinquante-cinq ans après les crimes évoqués, ne serait-il pas plus judicieux de parler du devoir de savoir? Voire de réhabiliter cette vieille expression d'«instruction civique» dont il est de bon ton de sourire depuis quelques lustres?

Déjà des voix s'élèvent pour réclamer la suite. Barbie, disent-elles, n'était qu'un monstre et il ne sert à rien de le prouver une nouvelle fois. Montrez-nous Touvier! Montrez-nous Papon! Pas si simple et il faudra sans doute attendre la fin du dél