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Libération
Interview

«Les images pour voir les témoins de trois quarts face».

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publié le 28 octobre 2000 à 5h54

Historien, Henry Rousso fait partie du comité éditorial constitué par le conseil d'orientation de la chaîne, qui a supervisé le montage du film. Il explique ici quel procès il s'est attaché à montrer.

Comment est venue l'idée de filmer le procès Barbie?

Il s'agissait de donner un caractère «pédagogique» à la tenue de ce procès exceptionnel. La question de la mémoire de la guerre, de la collaboration et de l'antisémitisme a surgi à la fin des années 60 avec le Chagrin et la Pitié, puis avec Shoah, et de nombreux films ou romans qui prenaient la période de l'Occupation pour décor. C'est dans ce contexte intellectuel que s'ouvre le dossier Barbie. La notion d'imprescriptibilité aboutit pour la première fois à juger quelqu'un si longtemps après les faits. La France est alors aussi en plein débat sur le rôle de l'audiovisuel dans l'édification du citoyen. Ce sont donc les ministres de la Communication et de la Justice qui se rencontreront pour promulguer la loi permettant de filmer un procès. Ce sera le cas pour Barbie, puis pour Touvier et Papon. Il a aussi été question de filmer le procès du sang contaminé, mais des acteurs du procès s'y sont opposés.

Qu'apportent ces archives filmées?

Ce procès avait deux objectifs: juger Barbie pour ses crimes contre les juifs, et donner la parole aux témoins. La décision de les filmer est donc une excellente décision. Non seulement parce que l'image a une force émotionnelle considérable, qu'elle permet à chacun de revivre ce qu'il a vécu, mais a